Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/285

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dien[1] et de la Minerve[2] furent, « Les mêmes », que l’on élise les mêmes membres. En effet, les membres de la majorité furent presque tous réélus, et cette majorité fut renforcée par plusieurs membres nouveaux, élus, en quelques endroits, sans opposition, en d’autres, après une violente contestation. Au quartier-ouest de Montréal, à Sorel, à Saint-Eustache, les lieux d’élection furent des théâtres de démêlés violents, de querelles, de batteries, de voies de fait sans nombre, eu un mot, des écoles de démoralisation.

Le résultat des élections fut regardé, ou donné comme un triomphe pour la majorité de l’assemblée ; mais ce résultat avait été prévu d’avance par tous ceux qui étaient au fait de l’état du pays : depuis longtems, la majorité de l’assemblée avait, dans presque tous les comtés, des partisans dévoués et influents ; c’étaient à eux que s’en rapportaient le commun des électeurs, le peuple, lorsqu’il s’agissait d’élire des représentans, de s’assembler pour entendre des harangues, adopter des

    que l’on veuille vous anéantir, ou vous gouverner avec un septre de fer. Vos libertés sont envahies, vos droits violés, vos priviléges abolis, vos réclamations méprisées, votre existence politique menacée d’une ruine totale. On veut vous livrer pieds et poings liés à la fureur de l’hydre qui depuis longtems désole votre province, et dont vous deviendrez infailliblement les victimes, si un autre Hercule ne s’empresse d’abattre ses têtes hideuses. Bientôt, vous ne se serez plus un peuple, à moins que vous ne vous hâtiez de vous montrer tel. Souvenez-vous de cette pensée d’un célèbre orateur : « Les rois ne sont grands que parce que les peuples s’agenouillent devant eux ». Canadiens : voici que le temps est arrivé de déployer vos ressources, de montrer votre énergie, et de convaincre la mère-patrie et la horde qui, depuis un demi-siècle, vous tyrannise dans vos propres foyers, que si vous êtes sujets, vous n’êtes pas esclaves. »

    « Nous éprouvons un vrai plaisir en publiant aujourd’hui des fragmens du Prospectus de l’Ami du Peuple. La patrie trouve partout des défenseurs, et nous ne devons point encore désespérer de son salut. » — Le Spectateur Canadien du 4 août 1827.

  1. Alors rédigé par M. Léon Gosselin.
  2. Nouvelle gazette, qui semblait se faire un devoir d’être l’écho du Canadian Spectator, mais qui débuta avec assez de modération.