Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/284

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui avait jusqu’alors distingué la milice de cette province. »

Il faut remarquer pourtant, que quelques destitutions eurent l’air d’être faites sous l’influence de l’irritation, ou trop précipitamment, et qu’en quelques cas, des officiers destitués devaient être enrôlés, d’après l’ordre du gouverneur, bien que les ordonnances les exemptassent du service. Parmi les démissions volontaires, les unes parurent presque nécessitées par les circonstances ; mais d’autres furent dûes, ou à une irritation particulière, ou à l’effervescence politique du temps. Moins d’irritation et de précipitation, tant d’une part que de l’autre, eût rendu le mal moins grand, ou moins étendu qu’il ne le fut. Il faut ajouter que plusieurs officiers destitués furent réintégrés, après explication.

Cependant, la chambre d’assemblée avait été dissoute, et toutes les idées, du moins dans les villes, étaient tournées vers les prochaines élections. Lord Dalhousie s’était attendu que la réflexion, l’amour de la tranquillité pour le présent, le désir de la sécurité pour l’avenir, feraient rejetter au moins les plus violents adversaires de son administration ; mais les gazettes favorables à la majorité de l’assemblée, les seules à-peu-près qui fussent lues dans les comtés, dictaient virtuellement aux électeurs les choix qu’ils devaient faire ; et dans la présente occasion, elles devinrent plus impérieuses, plus violentes, plus injurieuses que jamais, dans l’attaque et dans la défense : grosses personnalités, virulentes déclamations, appels aux passions haineuses, harangues ou adresses inflammatoires, rien ne fut épargné, rien ne fut dédaigné[1]. Les cris incessants du Spectateur Cana-

  1. Extrait du Prospectus de l’Ami du Peuple, journal qui devait être « rédigé avec modération », et publié à Plattsburg, État de New-York, par M. J. N. Faribault.

    « Canadiens:on travaille à vous forger des chaînes; il semble