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euse, prodiguant, d’un côté, la louange, et de l’autre, le blâme, sans mesure ni ménagement[1]. C’était dans cette feuille que s’exhalait, le plus souvent anonymement, la bile noire, la mauvaise humeur des mécontens, des ennemis de Sir G. Prévost, pouvons-nous dire. L’imprimeur et le rédacteur furent appréhendés pour la publication d’un « libelle » contre le commandant en chef : ils se libérèrent en nommant l’auteur, qui, à la grande surprise du public, se trouva être M. Stephen Sewell, solliciteur-général, et frère du juge en chef de la province[2]. Il fut destitué ; mais le Herald n’en continua pas moins à prôner, à élever jusqu’aux nues, Sir J. L. Yeo, qui, par reconnaissance, il paraîtrait, lui fit le plaisir d’attribuer la défaite de l’escadre anglaise du lac Champlain à Sir George Prévost, au lieu de l’attribuer aux chances de la guerre, ou à la présomption du capitaine Downie[3].

Sir George Prévost, après avoir reçu des habitans de Québec et de Mont-réal des adresses approbatrices de son administration, traversa le fleuve, le 3 avril, pour se rendre par terre au Nouveau-Brunswick[4].

Sir George Prévost eut pour successeur le lieutenant-général Sir Gordon Drummond, comme administrateur du gouvernement. Le résultat des accusations portées

  1. « Le Canadien of Sir James Henry Craig is revived with redoubled violence in the Herald of Sir George Prévost. » — Canadian Inspector.
  2. Il avait succédé à M. J. Stuart, destitué par le chevalier Craig.
  3. « It is confidently asserted of Captain Downie, that he thought himself, with his single ship the Confiance, a match for the whole American squadron. » — M. Christie.
  4. « Ce fut un jour de deuil pour tout le pays de voir un officier qui avait si bien mérité, être obligé d’aller par terre (par des forêts désertes), dans une pareille saison, pour se disculper d’accusations sans fondemens. » — M. Perrault.