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de mai. Les ruses dont il usa d’abord pour s’en emparer n’ayant pas réussi, il y mit le siège. Il y eut des attaques, des sorties, des engagemens divers, tant par terre que par eau, à différents intervalles, jusqu’au commencement de septembre. La garnison ayant été alors renforcée, et la place avitaillée, les Sauvages perdirent l’espoir de s’en rendre maîtres. Ponthiac demanda à négocier, et il fut conclu un traité avantageux aux Anglais. Six cents Canadiens du district de Québec étaient en route, avec des troupes réglées, pour aller au secours de la garnison et de leurs compatriotes du Détroit, lorsqu’on apprit que la paix était faite. Si l’on en croit des mémoires du temps, leur zèle fut mal récompensé.

Le but de Ponthiac, en s’emparant du Détroit, aurait été d’en faire le siège de sa domination, qui devait s’étendre sur toutes les tribus de l’Ouest, et former une puissance qui eût pu devenir formidable aux nouveaux possesseurs du Canada.

Le pays dont les Sauvages auraient voulu être seuls les maîtres, où ils voyaient avec chagrin des Européens, et surtout des Anglais, est un des plus beaux de l’Amérique Septentrionale. « Le climat y est très beau ; les fruits de l’Europe y viennent à merveille. Les bois sont remplis de vignes, qui portent en abondance d’excellents raisins. On y trouve aussi des groseilles, des pêches, et une espèce de fruit qui ressemble au citron. » Il y croît beaucoup d’herbes médicinales, et, au temps dont nous parlons, il y avait abondance de « bêtes fauves, de dindons sauvages, cailles, faisans, » &c. Sous les dernières années de la domination française, le fort du Détroit, situé sur la rive occidentale de la rivière qui lui a donné son nom, contenait environ deux cents maisons. Il y avait une église paroissiale, desservie