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ruse que par force, du fort de Michillimakinac[1], et en avaient massacré la garnison, à l’exception du commandant, qui avait dû la vie à l’intervention de M. de Langlade, gentilhomme canadien, très estimé des Sauvages[2].

Le capitaine Écuyer avait pu résister à leurs premières attaques, dans le fort de Pittsburg ; et avait été secouru à la veille d’y être forcé. Dans le printems de 1764, ils assiégèrent dans les formes le fort du Détroit, où commandait le major Gladwin, avec une garnison d’environ trois cents hommes.

Ponthiac, chef outaouais[3], ayant sous ses ordres plusieurs centaines de guerriers, non seulement de sa tribu, mais encore Hurons, Chippéouais, Poutéouatamis et Mississagués, s’approcha de cette place, au commencement

  1. Un parti ayant été envoyé en avant par Ponthiac, chef outaouais, sous le prétexte de complimenter le commandant, après que le chef de la bande eut fait son compliment, et protesté de son affection pour les Anglais, les Sauvages se mirent à jouer à la balle, près de l’enceinte du fort. La balle fut jetée plusieurs fois à dessein en dedans de la palissade, et autant de fois des Sauvages y entrèrent pour la reprendre. Par ce moyen, ils parvinrent à se rendre maîtres d’une des portes, et tout le parti se précipita dans le fort.
  2. Capitaine dans les troupes de la colonie, sous la domination française. Il s’était acquis une grande influence sur les Sauvages des environs du Détroit et de Michillimakinac. Il en avait amené deux cents guerriers à Mont-réal, dans l’été de 1759.
  3. « Le plus vaillant, le plus formidable Sauvage qu’on ait jamais connu… Ennemi mortel des Anglais, qui firent en vain tous leurs efforts pour l’amener dans leurs intérêts, il molesta sans cesse la conquête qu’ils avaient faite de ces contrées sur les Français, dont il était l’ami dévoué, et qu’il ne put jamais oublier. » M. J. C. Beltrami.

    Chargé de le regagner en 1762, le major Roberts lui envoya de l’eau-de-vie. Quelques guerriers, qui entouraient leur chef, frémirent, à la vue de cette liqueur, qu’ils croyaient empoisonnée, et voulaient qu’on rejetât un présent si suspect. « Non, leur dit Ponthiac, l’homme qui recherche mon amitié ne peut songer à m’ôter la vie. » Et il avala la boisson avec l’intrépidité d’un héros de l’antiquité.