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Pendant trois jours, des magistrats furent occupés à examiner les papiers trouvés au bureau du Canadien ; et puis, comme si ces papiers eussent contenu une correspondance criminelle, des projets de trahison, de révolte, &c., trois des propriétaires ou correspondans du journal, MM. P. Bedard, F. Blanchet, et J. T. Taschereau, furent appréhendés, en vertu d’un ordre signé par trois conseillers exécutifs, et incarcérés. Trois citoyens du district de Mont-réal furent aussi emprisonnés, comme prévenus de pratiques sentant la trahison[1]. L’arrestation de quelques autres citoyens notables de Mont-réal, avait été ordonnée aux conseillers exécutifs de l’endroit, ou par eux projettée ; mais elle n’eût pas lieu[2].

Si les rédacteurs, ou les correspondans du Canadien avaient abusé de la liberté de la presse, le gouverneur, dans une proclamation publiée deux jours après l’emprisonnement de MM. Bedard, Taschereau et Blanchet, dépassait de beaucoup les bornes de la modération, et à des plaintes peut-être fondées, mêlait des accusations entachées de fausseté.

« Vu, dit, entre autres choses, Sir James Craig, dans cette proclamation, qu’il a été publié et dispersé des écrits méchants, séditieux et traîtres, faits pour séduire les bons sujets de sa Majesté, pour remplir les esprits de défiance et de jalousie contre son gouvernement ; pour détourner leurs affections de sa personne sacrée, et pour

  1. « Sir James Craig was no doubt led into those odious measures by his council, who were chiefly men who had acquired undue influence in the province, and who, under pretence of upholding his administration, but in reality with mercenary views, persuaded him to do foolish and unjust things. » — M. M’Gregor, British America.
  2. Ces citoyens, du nombre desquels étaient M. D. B. Viger et M. Joseph Bedard, eurent vent des basses intrigues qui se tramaient contre eux, et purent les déjouer, grâces à la franchise et à l’honnêteté de M. James Brown, l’imprimeur dont on avait voulu faire, préparatoirement, un instrument de déception.