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nommé et reconnu sans le concours des trois branches de la législature.

Cependant un bill pour rendre les juges inhabiles à siéger dans l’assemblée fut passé par cette chambre, et envoyé au conseil. Cette dernière chambre l’amenda, en y introduisant une clause, en vertu de laquelle il ne devait être en force que pour le prochain parlement[1]. Quelques uns des membres influents de l’assemblée n’étaient pas d’humeur à patienter si longtems, et ils purent, cette fois, amener la majorité à prendre la résolution brusque et désespérée d’expulser, par un simple vote, ou une simple résolution, M. de Bonne, le seul juge qu’il y eût alors dans son sein, et son siège fut déclaré vacant.

Par ce procédé arbitraire et violent, on mettait les affaires de la province dans un état critique, et en perdant de vue la maxime, salus populi suprema lex esto, on courait le risque de diminuer de beaucoup la prospérité nécessaire aux dépenses extraordinaires qu’on voulait encourir : on mettait surtout le gouverneur dans un étrange embarras : en acquiesçant à la résolution de la chambre, il descendait de la position élevée où il s’était placé, et tombait dans l’inconséquence ; en recourant à une nouvelle dissolution, il risquait d’augmenter le mécontentement, ou plutôt, de diminuer la grande satisfaction que causait à la majorité de l’assemblée sa paternelle administration.

Il crut devoir prendre le dernier parti ; et le 26 mars, après avoir donné la sanction royale au bill « pour régler le commerce avec les États-Unis », et à l’acte renouvellé « pour la meilleure préservation du gouvernement de sa Majesté », il dit, entre autres choses :

  1. Apparemment de peur d’enfreindre le droit des électeurs qui avaient porté M. de Bonne à l’assemblée.