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parce qu’elle était particulièrement exigée par la conjoncture critique du moment, et surtout par la situation précaire dans laquelle nous nous trouvons vis-à-vis des États-Unis : je regrette d’avoir à ajouter que j’ai été trompé dans toutes ces attentes, et dans toutes les espérances que j’avais conçues. Vous avez consommé dans des débats infructueux provoqués par des animosités particulières et personnelles, ou par des contestations frivoles sur des objets futiles de pure formalité, un temps et des talens, auxquels, dans l’enceinte de vos murs, le public a un titre exclusif. Cet abus de vos fonctions, vous l’avez préféré aux devoirs élevés et importants auxquels vous êtes obligés envers votre souverain et vos constituans ; et par là, vous vous êtes mis dans la nécessité de négliger des affaires d’importance et d’obligation, et d’empêcher que d’autres ne vous fussent soumises. S’il fallait d’autres preuves de cet abus de votre temps, je viens d’en donner une, en ce que je n’ai eu l’occasion d’exercer la prérogative royale que pour cinq bills[1], après une session de pareil nombre de semaines… Vous avez manifesté, dans tous vos procédés, une violence si peu mesurée, et montré un défaut d’attention si prolongé et si peu respectueux envers les autres branches de la législature, que quelque modération et quelque indulgence qu’on leur suppose, je ne peux compter sur une bonne intelligence générale sans avoir recours à une nouvelle assemblée. »

Dans la partie de son discours adressée aux deux chambres, Sir James Craig dit qu’il est entré dans ces détails (et autres que nous omettons), dans la vue de prévenir de fausses représentations, et de mettre le

  1. Il n’en avait pas été sanctionné moins de trente-deux dans la session précédente.