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M. Ezechiel Hart, qui, malgré son expulsion, avait été réélu par le bourg des Trois-Rivières, fut réexpulsé aussi sommairement que la première fois.

Outre les mesures violentes effectuées, ou tentées dans l’assemblée, il y eut, dans le cours de la session, de longues discussions, des débats animés, des discours passionnés, des attaques directes ou indirectes contre les autres branches de la législature ; enfin, une grande perte de temps. S’il n’y avait pas pour cette chambre une obligation stricte de ménager l’oligarchie exécutive, il était au moins de la bonne politique, dans l’intérêt du peuple, de ne pas irriter le chef de l’administration, et elle l’irrita grandement, comme il parut par les reproches qu’il lui adressa, en terminant la session. Il dit, entre autres choses, aux membres de l’assemblée :

« J’attendais de vous, que guidés par des principes de modération et de prudence, vous feriez un sacrifice généreux de toutes animosités personnelles, et de tous mécontentemens particuliers ; que vous porteriez une attention vigilante aux intérêts de votre pays, et que vous persévéreriez inébranlablement à remplir vos devoirs publics avec zèle et diligence ; j’attendais de vous des efforts consciencieux pour faire régner la concorde dans la province, et une sérieuse retenue sur tout ce qui pourrait tendre à la troubler ; je m’attendais que vous observeriez tous les égards qui sont dûs, et par là même indispensables envers les autres branches de la législature, et que vous coopéreriez avez promptitude et cordialité à tout ce qui pourrait contribuer au bonheur de la colonie. J’avais droit de m’attendre à cette conduite de votre part, parce qu’elle vous était dictée par votre devoir constitutionnel, et qu’elle aurait fourni un témoignage assuré de votre loyauté, et de l’attachement que vous professez pour le gouvernement de sa Majesté ;