Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Nous disons dans la pratique, et quant à la procédure, car, quant à la théorie, il y a, ou il y avait alors, dans le code pénal anglais, des dispositions afflictives barbares, et une énorme disproportion entre les délits et les peines, ce code décernant la peine de mort pour la filouterie et autres petits larcins, comme pour le meurtre prémédité.

Mais si malgré cela, le code criminel anglais donna de la satisfaction, son code civil occasionna, au contraire, le plus grand mécontentement. « Ces statuts, dit Raynal, sont compliqués, obscurs et multipliés, et ils occasionnent des délais presque interminables et des frais énormes, et ils étaient écrits dans une langue qui n’était pas familière au peuple conquis. Indépendemment de ces considérations, les Canadiens avaient vécu cent-cinquante ans sous un autre régime ; ils y tenaient par la naissance, par l’éducation, par l’habitude, et peut-être aussi par un certain orgueil national. Pouvaient-ils, sans un extrême chagrin, voir changer la règle de leurs devoirs, la bâse de leur fortune ? Si le mécontentement ne fut pas porté jusqu’au point de troubler l’ordre public, c’est que les habitans de cette région n’avaient pas encore perdu cet esprit d’obéissance aveugle qui avait si longtems dirigé toutes leurs actions ; c’est que les administrateurs et les magistrats qu’on leur avait donnés s’écartèrent constamment de leurs instructions, pour se rapprocher, autant qu’il était possible, des coutumes et des maximes qu’ils trouvaient établies. »

L’art de l’imprimerie avait été inconnu au Canada pendant tout le temps de la domination française, et il n’y fut introduit que quatre ans après la conquête, en 1764. L’année précédente, deux particuliers de Philadelphie, MM. Gilmore et Brown, ayant formé le projet d’établir une gazette à Québec, le premier passa en Angleterre pour y acheter les caractères d’imprimerie