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âge. On attribue l’établissement de ces écoles à l’Inca Roca. Les anautis ou docteurs y enseignaient ce qu’ils savaient d’astronomie, de musique et de poésie. L’arithmétique n’était pas oubliée, et devait être une connaissance d’autant plus difficile à acquérir, qu’on n’avait point d’écriture, mais seulement des nœuds de certains cordons de diverses couleurs appelés quipos, dont on peut avoir une idée en lisant le roman intitulé : Lettres d’une Péruvienne, par Madame Françoise d’Harponcourt de Graffigny. Les traditions historiques de la patrie étaient rappelées par ordre dans ces écoles, et passaient ainsi d’une génération à l’autre. On y apprenait aussi l’art militaire. Un Inca dont je ne sais pas prononcer le nom se montrait pour l’éducation aussi zélé que Charlemagne et Alfred le Grand. Il relégua son fils, qui ne se souciait pas de l’étude, dans le grand parc de Chica, où il fut condamné à garder les troupeaux du Soleil. Il paraît que ce genre de correction lui profita, car ce jeune prince fainéant fut depuis l’Inca Viracocha.

Quand un fils de famille avait terminé l’apprentissage de l’art qu’il devait exercer, s’il se mariait, il prenait pour lui le lot même de terre qu’il avait apporté à son père par sa naissance.

Les filles se mariaient sans dot parce que l’état avait suffisamment pourvu à l’entretien des époux en commun.