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Les décurions et les dixainiers s’informaient si les pères de familles élevaient bien leurs enfans, et s’ils remplissaient leur devoir concernant la culture de la terre ; — ils s’enquéraient si la mère s’occupait des vêtemens de sa famille, et si elle réglait avec ordre et propreté tout ce qui concernait la nourriture et le bien-être de ses enfans ; car dans cet état de société, le père n’ayant pas à gagner la vie de ses enfans, la mère continuait dans leur adolescence comme dans leur âge tendre à être la véritable dispensatrice des choses nécessaires à la vie dans sa maison : l’état la chargeait spécialement de cet important ministère. Les dames péruviennes avaient un usage qui est digne de tout éloge. Quand elles allaient visiter leurs amies, elles les priaient de les honorer de quelque ouvrage. Garcilasso, le descendant des Incas, nous a laissé le souvenir des visites que recevait sa mère, visites auxquelles il avait été présent dans son bas âge.

C’était toujours le père qui instruisait son fils : la loi lui en faisait un devoir ; mais cette éducation ne consistait, chez les roturiers, qu’à apprendre l’art ou le métier que le père exerçait. Il y avait bien dans toutes les villes, et particulièrement à Cuzco, des écoles publiques, mais seulement pour la noblesse, qui avait apparemment au sujet de l’éducation, une maxime directement opposée à celle de la noblesse de l’Europe durant le moyen