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de Westphalie fixa l’état futur de l’Europe, et fut la base des traités subséquens de Ryswick, d’Utrecht, d’Aix-la-Chapelle, de Fontainebleau. Cette fameuse balance des pouvoirs était inconnue aux anciens. Annibal et Mithridate seuls pressentirent ce système. Si le second Philippe de Macédoine l’eût compris, lors de son traité avec le Carthaginois, il ne l’aurait pas laissé se débattre seul avec Rome, pour venir ensuite soutenir lui-même une lutte inégale et par conséquent inutile. Mais l’antiquité n’avait pas les mêmes élémens pour constituer un pareil système. Il n’y avait guères qu’une grande nation. On n’entend parler que d’un empire d’Assyrie, puis de celui des Perses ; — ensuite, de l’empire éphémère des Macédoniens, et enfin de l’empire Romain. Les Grecs ne formèrent point un empire opposé à celui des Perses, car quand Xerxès marcha contre eux, ils se soumirent presque tous, et Lacédémone et Athènes résistèrent seules. Et du temps de Lysandre et de Conon, Artaxerces neutralisait tour à tour ces deux républiques l’une par l’autre. Carthage, il est vrai, tint tête à Rome, et parut même la surpasser, mais enfin les as du jeu restèrent à Rome, parce qu’Annibal ne fut point compris ; Annibal et Mithridate pouvaient établir un pareil système, s’ils eussent été secondés.

Aujourd’hui, en Europe, il n’y a pas qu’un empire ;