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dre qui régna parmi les êtres inanimés lors du grand travail qui dut précéder la création.

Si nous voulons, résumer en traits plus distincts, ce parallèle entre les représentons de la philosophie profane et ceux de la philosophie chrétienne, voici ces traits les plus caractéristiques. D’un côté, progrès marchant de pair avec l’expérience ; — de l’autre, chimères philantropiques qui créent la licence. Les uns mettent en pratique un gouvernement qui a pour lui l’égalité, l’abondance, le contentement, sinon l’absolue liberté les autres créent un système qu’ils appèlent aussi gouvernement, mais qui entraîne, après lui, la famine, la guerre, la tyrannie, la mort. Ils laissent voir au monde à l’heure des grands dangers une pusillanimité coupable à proportion des grands intérêts qui font appel à leur énergie. Les enfans de Loyola déploient aux yeux de l’univers cette fermeté de desseins, ce courage moral et cette force d’âme que l’antiquité elle-même ne s’est vantée d’avoir trouvée que chez un seul homme. Je vois marcher à la mort un groupe de Girondins en chantant des hymnes à la patrie et en s’encourageant les uns les autres. Cette scène n’est point dépourvue de beauté ou de noblesse. Mais Vergniaud et ses compagnons, — mais les fauteurs de la révolution allaient-ils faiblir à la vue de tous les Français accourus à ce spectacle ?… allaient-ils s’évanouir à la vue d’un supplice qu’ils avaient tout fait pour