avec qui ils avaient agi d’abord, Tel est souvent le sort de ceux qui veulent conduire une révolution : leur propre inconsistance les renverse. Lafayette était à la tête de toutes les forces de la France quand il commandait la garde nationale contre le trône en 1789 ; — il ne put réunir trente hommes sous son étendard, pour la défendre en 1792 ; et un peu plus tard, le chef du peuple au 5 Octobre, serait tombé sous ses coups, s’il ne s’était fait déserteur de son armée. L’historien dénonce en termes forts la pusillanimité autant que la témérité des Girondins ; mais il n’est pas possible de le taxer de sévérité. Ce qu’il dit de leur conduite irrésolue dans le fort du danger, est aussi mérité que ce que dit Edmond Burke de leur zèle imprudent.
Quand les jésuites voulurent fonder un gouvernement, ils ne se nourrirent point l’esprit de chimères. Éminemment philosophes, ils n’hésitèrent point à s’approprier et à suivre un modèle que l’Europe ne jugeait pas digne d’attention, qui avait rendu les hommes heureux. L’Europe, dit Chateaubriand, ne, possédait encore que des constitutions barbares, formées par le temps et le hasard, et la religion fesait revivre au Nouveau Monde tous les miracles des législations antiques. Le grand écrivain n’exagère pas. Les jésuites rédigèrent un code humain dans les forêts de l’Amérique, dès le XVIIe siècle, tandis que l’Europe était régie par des législa-