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jambes étaient nus, usage qui, — si mesdames veulent bien en croire M. de Chateaubriand, — allait bien aux grâces sans nuire à la modestie ! Les circonstances font tout ; il s’agit ici d’innocentes peuplades.

Il n’y avait pas de marchés publics. À certains jours en donnait à chaque famille les choses nécessaires à la vie.

La terre était divisée en lots, et chaque famille en possédait un. Il y avait en outre un champ public appelé la Possession de Dieu. Ses fruits étaient destinés à suppléer aux mauvaises récoltes et à entretenir les infirmes, les veuves et les orphelins.

Les Espagnols, et surtout les Portugais du Brézil, fesaient des courses sur les terres de la nouvelle république et enlevaient tous les jours quelques malheureux, qu’ils réduisaient en servitude. Résolus de mettre fin à ce brigandage, les Jésuites, à force d’habileté, obtinrent de la cour de Madrid la permission d’armer les Sauvages. Ils se procurèrent des matières premières, établirent des fonderies de canons, des manufactures de poudre, et dressèrent à la guerre ceux qu’on ne voulait pas laisser en paix. Une milice régulière s’assembla tous les lundis pour manœuvrer et passer la revue devant un cacique ou chef-de-guerre, qui montait un superbe coursier, et marchait sous un dais soutenu par deux cavaliers. Il y