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au risque d’y trouver des serpens et des bêtes féroces au lieu des humains qu’ils y cherchaient.

Les Jésuites, dit Goodrich, eurent la prudence de civiliser un peu les Sauvages avant de tenter de les convertir. Il ne prétendaient pas en faire des chrétiens avoués avant de les avoir un peu humanisés. Si le missionnaire ne pouvait attirer les Sauvages, nous voyons dans le Génie du Christianisme qu’il plantait sa croix dans un lieu découvert, et s’allait cacher dans les bois. Les Sauvages s’approchaient peu-à-peu pour examiner l’étendard de paix élevé dans la solitude Alors le missionnaire, sortant tout-à-coup de son embuscade et profitant de leur surprise, les invitait à quitter une vie misérable pour jouir des douceurs de la société. Quand les Jésuites se furent ainsi attaché quelques Indiens, ils eurent recours à un autre moyen. Ayant remarqué que les Sauvages étaient fort sensibles à la musique, ils s’embarquaient sur des pirogues, et remontaient les fleuves en chantant des hymnes à deux ou plusieurs parties. Les Indiens étonnés se venaient prendre à ce piège. Ils accouraient sur les bords pour mieux entendre ces accens jusque là inouis : plusieurs se jetaient dans les ondes pour suivre la nacelle enchantée. L’arc et la flèche échappaient à la main du Sauvage, et les enfans de Loyola réalisaient dans les forêts américaines