forêts pour les réunir en corps de nation, mais loin des lieux habités par les oppresseurs farouches du nouvel hémisphère.
Il restait encore, dit M. de Châteaubriand, aux pieds des Cordilliéres, vers le côté qui regarde l’Atlantique, entre l’Orénoque et Rio de La Plata, un pays immense rempli de Sauvages, où les Espagnols n’avaient point encore porté la dévastation. Ce fut dans ces épaisses forêts que les Jésuites entreprirent de fonder une république. Ayant obtenu de la cour d’Espagne la liberté de tous les Sauvages qu’ils parviendraient à réunir ; — ayant triomphé de la cupidité et de la malice humaine ; méditant un des plus nobles desseins qu’ait jamais conçus l’esprit de l’homme, ils partirent pour Rio de La Plata. Remontant cette rivière, ils entrèrent dans les eaux du Paraguay, — se dispersèrent dans ses bois sauvages. Les relations nous les représentent un bréviaire sous le bras, une grande croix à la main, et sans autre provision que leur confiance dans le secours du ciel et un courage moral, une étonnante force d’âme, qui les rend capables d’aller partout et de tout faire pour la gloire de la divinité et celle de leur ordre. Elles nous les peignent se fesant jours à travers la vaste solitude, marchant dans les terres marécageuses où ils avaient de l’eau jusque à la ceinture, gravissant des roches escarpées, furetant dans les antres,