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du Paraguay, nous opposer au profit que vous pouvez faire avec les Indiens par des voies légitimes ; mais vous savez que l’intention du Roi n’a jamais été que vous les regardassiez comme des esclaves et que la loi de Dieu vous le défend… Il n’est pas permis d’attenter à leur liberté, à laquelle ils ont un droit naturel, que rien n’autorise à leur contester.

Les Jésuites en particulier osèrent espérer de sauver et de civiliser les Indiens.

L’Amérique,[1] dit l’historien Goodrich, avait été dévastée depuis un siècle par les Espagnols, quand les Jésuites y portèrent cette infatigable activité qui leur avait procuré dès leur fondation tant de succès dans leurs entreprises. Ils ne pouvaient rappeler du tombeau les milliers de victimes qu’avait sacrifiées l’aveugle férocité des Espagnols, — ils ne pouvaient arracher aux entrailles de la terre les timides Indiens que la cupidité de leurs barbares conquérans avait ensevelis tout vivans dans les mines. Leurs regards se tournèrent vers les Sauvages qu’une vie errante avait jusque là préservés de la tyrannie des Européens ; — ils conçurent le projet de les tirer de leurs

  1. America had been laid waste during the course of a century, when the Jesuits brought into this country that indefatigable activity, which, from their origin, had made them so successful in their undertakings. These enterprizing men could not recall from the tomb the thousands of victime which had been sacrificed by the blind ferocity of the Spaniards.—Pictoral History of America.