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Des superstitions le mode est infini.
Pourtant, ne faisons point un tableau rembruni :
Bientôt, nous jouirons d’un horizon moins sombre ;
Déjà, des gens instruits je vois croître le nombre ;
Déjà, Brassard,[1] suivant les pas de Curateau,[2]
Donne au district du centre un collège nouveau.
Et, si mon vœu fervent, mon espoir ne m’abuse,
Ou plutôt, si j’en crois ma prophétique muse,
(Une déesse, un dieu peut-il être menteur ?)
Ce noble exemple aura plus d’un imitateur.[3]
Je crois même entrevoir, dans un avenir proche,
Le temps, où, délivré d’un trop juste reproche,
Où par le goût, les arts, le savoir illustré,
Comptant maint érudit, maint savant, maint lettré,
Le peuple canadien, loué de sa vaillance,
Ne sera plus blâmé de sa rustre ignorance ;
Où, justement taxé d’exagération,
Mon écrit, jadis vrai, deviendra fiction.

  1. Feu Messire Brassard ne fut pas, à proprement parler, le fondateur du Collège de Nicolet, mais d’une École devenue Collège, ou Petit-Séminaire, par les soins bienfaisants et généreux du dernier Évêque de Québec, feu Mgnr. Joseph Octave Plessis.
  2. Tout le monde sait que l’établissement du Collège de Montréal est dû à feu M. Curateau, prêtre du Séminaire de cette ville.
  3. L’événement a surpassé l’espérance qu’on pouvait raisonnablement concevoir en 1819 ; puisque depuis lors, c’est-à-dire dans l’espace de dix années, on a vu s’élever, successivement, les Collèges de St. Hyacinthe, de Chambly et de Ste. Anne de la Pocatière ; collèges dus au zèle éclairé et patriotique de MM. Girocard, Mignault et Painchaud, Curés de ces paroisses, aidés des contributions pécuniaires de quelques citoyens généreux.