Page:Bibaud - Épîtres, satires, chansons, épigrammes, et autres pièces de vers, 1830.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
21

........................

SATIRE II.

CONTRE L’ENVIE. (1818.)


 Mal ou bien, mon début fut contre l’avarice.
Cheminant, l’autre jour, je rencontre Fabrice ;
La canne sous le bras, un pamphlet à la main :
« L’avez-vous lu, » dit-il. — « Quoi ? — Ce dur Chapelain :…
« Que vois-je ? vous riez ! mais ce n’est pas pour rire
« Que ce malin esprit me tance et me déchire.
« C’est bien à ce méchant qu’il faudrait du bâton :
« Que lui peut importer que je sois chiche, ou non ?
« Parbleu ! que ne m’est-il donné de le connaître !
« Que ne puis-je, à l’instant, le voir ici paraître !
« Que j’aurais de plaisir à le bien flageller !…
« — Peut-être ce n’est pas de vous qu’il veut parler.
« — Si ce n’est pas de moi, c’est d’un[1] qui me ressemble.
« — Dans ce cas, mon ami, c’est de vous deux ensemble. »
L’on voit que ma satire a fait un peu de bruit :
Oh ! puisse-t-elle aussi produire un peu de fruit !
Il est temps d’en venir à ma seconde épître :
Celle-ci roulera sur un autre chapitre ;
Chapitre sérieux, et peu fait pour les vers ;
Mais je dois attaquer tous les vices divers.

  1. C’est d’un, pour de quelqu’un, peut-il se dire, même en vers ? Je l’ai certainement lu quelque part ; ainsi, si c’est une licence, ce n’est pas une innovation. Au reste, pour bien comprendre ce dialogue, il faut savoir que la satire précédente fut publiée, en partie, dans l’Aurore, quelques mois avant celle-ci.