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Juliette l’avait cherché partout dans le monde, dans la société intime de son mari, chez les libraires où elle avait vu annoncé le livre en question. Mais l’ami de Charles n’avait point paru depuis son mariage, et les libraires qui vendaient le livre ignoraient l’adresse de l’auteur. Le désir de Juliette augmentait en raison des obstacles.


II

Madame Lambert avait demandé à sa fille quelques étoffes nouvelles pour robes : Juliette, sortie pour ces acquisitions, suivait toute pensive le boulevard des Italiens, lorsque son regard fut arrêté par une affiche énorme : Émancipation de la femme, 2e édition. Émue au delà de toute expression, madame de Villers chercha le nom de l’auteur, et son cœur battit à se rompre lorsqu’elle lut : Stéphen ***.

Elle était à la porte d’une librairie qu’elle n’avait pas visitée encore ; elle entra.

— Monsieur, demanda-t-elle à un jeune homme qui causait, debout dans le magasin, avec un homme d’un certain âge, ne pourriez-vous me donner l’adresse de l’éditeur du livre que vous annoncez ?

— C’est d’autant plus facile, madame, dit l’homme âgé, que ce livre s’imprime chez moi.

Un éclair de joie illumina le visage de Juliette.

Alors, monsieur, vous connaissez l’auteur ?

Sans doute, madame.