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— Je ne reviendrai plus de tous ces jours, ne vous inquiétez pas. Bon courage !


VII

Juliette passa la nuit entière à prier, à baiser ses reliques, à serrer Le Christ sur son cœur, à répéter le chapelet, à lire les chapitres les plus exaltés de l’Imitation ; ceux-là qui font de la mort le bien suprême, de la vie le plus humiliant esclavage ; ceux-là qui font avec un art qui n’appartient qu’à ce livre, du renoncement et de l’abnégation, un égoïsme sublime. À la messe de sept heures, elle communia pieusement, passa une partie de là matinée à genoux sur ja dalle, puisant ainsi dans la prière l’exaltation, cette immense force des faibles. Quelle fut sa surprise de trouver en se relevant son père et sa mère agenouillés près de là. Elle crut à une nouvelle lutte et jeta les veux sur le Christ ; car elle pensait vraiment, dans la sincérité de son âme, marcher sur les traces de Jésus par le sacrifice.

Hélas ! qu’est donc le sacrifice inutile, sinon un acte insensé d’orgueil ?

Mais M. et madame Lambert rentrèrent en silence,se mirent à table avec Juliette ; et le vieillard, le premier, s’adressa à sa fille pour la prier de ne pas s’affliger davantage.

— Nous sommes résolus à ne te contrarier en rien, ajouta-t-il ; nous ne te demandons que huit jours pour nous préparer à une séparation qui nous sera pénible, tu dois le comprendre.