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VIII

LE DISCIPLE DE GUTZLAFF.

Je suis d’origine française, quoique j’habite la Chine depuis l’enfance, dit le nouvel hôte du saint duc pour répondre à ses questions ; élevé par un missionnaire protestant, je partage sa foi et ses travaux. Appelé par lui à Kien-fou-hien il y a quelques jours, j’arrivai dans cette ville en même temps que vous et lui. Il ne m’introduisit pas dans votre maison, parce que la discrétion est chez lui, non pas seulement une vertu, mais un calcul. Il ne met au jour lui et les siens que lorsqu’il y a nécessité de le faire. C’est du reste un homme courageux, dévoue, actif dont le grand âge n’a pu arrêter les travaux ; la mort le surprendra sur la brèche. Il est à la fois mon modèle et mon père ; je le suis parce que je l’admire, mais aussi parce que je l’aime.

L’étranger parlait avec un enthousiasme un peu fiévreux ; sa voix était saccadée, sa parole rapide ; on eût dit qu’il cherchait à s’étourdir en faisant l’éloge de son maître.

— J’ai eu l’occasion, dit le duc, d’apprécier les qualités du révérend père Gutzlaff, votre ami et votre maître, à ce que je vois.

— Depuis quelques jours, reprit le jeune homme qui paraissait à peine âgé de trente ans, j’attends dans cette ville les ordres du maitre, et je passe mes heures en pro-