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instruments de musique délaissés depuis quelque temps ; A-luh s’exerça à chanter, en s’accompagnant du Kin, des vers où elle exaltait les vertus de son grand-père. Ien-ché qui ne se levait plus, trouva des forces pour aller au-devant du voyageur. Le visage d’A-luh resplendissait d’une joie ardente ; celui de sa sœur avait l’éclat d’une lumière qui va finir.

Que de joie et que d’amour dans une pareille réunion !

Le pèrè Ambroise en fut témoin : caché derrière une tapisserie, il contemplait ce père à l’austère visage qu’éclairaient des larmes de joie, et ces deux jeunes filles illuminées par l’amour filial et le bonheur.

Il sentit qu’il aurait pu aimer ; mais une violente contraction du cœur, effet d’une volonté puissante, le rendit à lui-même et à la société de Jésus. Ut cadaver, avait dit la voix mystérieuse de l’esprit de Loyola, et comme toujours il l’avait entendue.


IV

LE FOU DU CHAN-TOUNG.

Après quelques heures de repos et de tendresse, A-luh quitta son grand-père pour veiller au repas du soir qu’elle voulait faire splendide, afin de terminer gaiement cette journée si heureuse pour elle. Ien-ché resta seule auprès du saint duc.

— Ama, dit-elle aussitôt que la portière du salon fut