Page:Bias - Dire et Faire.djvu/263

Cette page n’a pas encore été corrigée

père Ambroise fut un instant abasourdi quand Ien-ché lui proposa la mission étrange d’apprendre aux peuples chrétiens que leur Dieu était un homme, afin de les ramener au culte primitif de la raison humaine, à la loi naturelle des premiers âges. Ajoutons à cela la douleur de retrouver son élève presque mourante après l’avoir laissée pleine de vie et d’enthousiasme, et nous comprendrons Île silence et la tristesse du révérend père.


III

UT CADAVER.

La petite fille du saint duc rentra chez clie fort tard : A-luh l’attendait.

— N’as-tu pas besoin de repos, enfant ? demanda l’aînée.

— Non, sœur. Je ne sais reposer qu’auprès de toi ; où tu n’es pas, mon Cœur sent le vide. On ne dort pas au désert ; et la vie sans toi ç’est l’immensité, Gela me fait peur.

— Il faudra pourtant nous quitter un jour, A-luh.

— Non, dit l’enfant avec un mutin sourire. Où ma grande sœur ira, je la suivra, malgré elle s’il le faut,

Ien-ché l’attira dans une douce étreinte.

— Dis-moi, A-luh ; que penses-tu de l’existence qui suit la mort ?

— Le Tien ne pouvant être injuste, je pense, sœur,