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tomba sur la petite main d’A-luh qu il tenait dans des siennes.

— Faudra-t-il donc, murmura-t-il tout bas, que mes doigts ridés ferment encore un cercueil ?

— Non, Ama, répondit A-luh également à voix basse : c’est elle qui fermera le tien.

— Ien-ché sourit et regarda son père.

— Ama, dit-elle, on se retrouve ailleurs quand on s’est aimé en cette vie.

Le saint duc eut un sourire de doute plein d’amertume : les deux sœurs l’attirèrent dans un même embrassement ; et a gentille A-luh dit :

— Nous nous retrouverons alors.


II

LE MAÎTRE ET L’ÉLÈVE.

La maison de Confucius était fermée depuis bien des jours. Dans les cours silencieuses et tristes rien n’annonçait que les bâtiments fussent habités. Les deux jeunes filles s’abstenaient de toute promenade pendant l’absence de leur grand-père ; enfermées tout le jour dans la bibliothèque, elles travaillaient avec une ardeur qui semblait annoncer la crainte de manquer de temps. Ien-ché expliquait à sa jeune sœur les livres sacrés, lui racontait l’histoire des superstitions de Foé et de Boudha, et la mettait en garde contre les erreurs du philosophe Lao-Tsée ; elle lisait avec-elle la Bible, lui traduisait le Talmud, arrêtant