Page:Bias - Dire et Faire.djvu/20

Cette page n’a pas encore été corrigée

« Pardon, cher père ; pardon, chère mère, si je ne rentre pas pour diner avec vous ; je n’ai pu résister aux prières de Noémi et de ses parents. M. Charles de Villers est arrivé tout à l’heure ; il y a une fête de famille, on veut que j’en fasse partie. Noémi est si bonne, je n’ai pu refuser. »

— Eh bien ? fit madame Lambert.

— Eh bien ? répéta M. Lambert,

— À revoir ! dit le bonnetier.


II

Et il se retira, persuadé avec raison qu’il lutterait en vain contre cette vanité triomphante.

L’équipage de la maison de Villers n’avait ramené les jeunes filles qu’à cinq heures ; toutes les deux avaient l’air confus et baissaient les yeux devant l’irritation de la mère de Noémi. Rosette, la femme de chambre de confiance, raconta avec regret comment un ressort de la voiture s’était brisé, comment elle avait craint une chute dangereuse pour ces demoiselles, comment enfin elle avait exigé, malgré le raccommodage du ressort, que le cocher ramenât la voiture au pas jusqu’à la ville. Juliette confirma ce récit, auquel il fallut bien ajouter foi par conséquent ; mais si la pieuse dame eût regardé attentivement sa fille, elle eût vu trembler ses cils sous l’éclair de malice qui s’échappait des son regard baissé, et eût surpris sur sa lèvre un imperceptible sourire de méphistophélès qui parvient à entraîner lange dans le péché.