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souvint de Juliette. L’inquiétude la saisit. Sa voiture qui l’avait attendue brûlait le pavé ; il lui semblait qu’elle n’avançait pas. Quand elle entra chez elle, le jour paraissait ; le bal était fini, les domestiques consternés la regardaient passer en silence. Inquiéte de ne pas voir Juliette, elle interrogea et apprit avec terreur l’accident du boudoir.

Le blessé était encore à l’hôtel, un docteur appelé à la hâte lui donnait des soins. La Villani se rendit auprès de lui. Ce ne fut qu’après deux heures d’attente et d’angoisses que le malade retrouva la parole ; ses souvenirs n’étaient pas distincts ; mais il prononça avec menaces le nom de Charles de Villers ; Noémi devina le reste.

Et c’est ma faute, répétait-elle dans son désespoir, c’est ma faute !

Puis tout à coup, sans prendre le moindre repos, sans bien savoir ce qu’elle va faire, elle se fait conduire chez le baron de Villers.

— Peut-être, dit-elle, en affrontant sa colère, en épargnerai-je à Juliette les reproches et la violence.

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XV

Madame la baronne de Villers est seule chez elle ; le jour est venu sans qu’elle ait songé à rejeter le domino qui la couvre ; à demi couchée sur le canapé où en entrant elle s’est laissée tomber, elle y est retenue immobile par la force de pesanteur d’une idée fixe : Charles chez Mariquita !… certes, il n’est venu là ni pour sa femme,