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— Si Dieu le veut, dit-elle, il nous remettra sur le même chemin.

— Non, je ne puis accepter cet adieu.

— Eh bien… je viendrai vous demander le livre.


VIII

Madame la baronne de Villers, agitée et pâle, marche dans son salon où elle est seule, s’arrête, réfléchit, marche encore comme une personne en proie à une incertitude douloureuse, reste en suspens entre la résolution et la crainte. À la voir ainsi la lèvre contractée, le sourcil froncé, les mouvements rapides, on se demande s’il est resté dans cette femme, après un an de mariage, quelque chose de la douce et modeste Juliette Lambert. Les vêtements noirs ajoutent de l’ombre à ce visage sur lequel parfois semble passer un éclair effrayant de haine. Et pourtant, l’âme n’est pas atteinte encore ; chez cette nature de contrastes que des principes exclusivement catholiques ont faite orgueilleuse, il y a toujours les mêmes élans d’amour, d’enthousiasme, de dévouement, le même désir de vertu. Si elle s’irrite, c’est qu’elle souffre ; si elle souffre, c’est qu elle marche dans l’erreur et, malgré ses efforts, ne peut trouver sa voie. Un jour, dans une heure de cour roux superbe, elle à dit à son mari : Je connais mes droits, vous ne m’imposerez pas de vains devoirs ; je suis votre égale ; ce que vous faites, je le ferai ; ce que vous ne aites pas, rien ne m oblige à Ie faire. Ge système, en lui-