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MADAME DE STAËL D’APRÈS SES PORTRAITS

vingt autres auteurs au moins, français et anglais[1], les deux répliques de Corinne au Cap Misène par Bertonnier[2] en 1819 et Prévost[3] en 1828. Le tableau de 1819 fut aussi lithographié par Aubry Lecomte[4]. Ces gravures tempêteuses de Corinne au Cap Misène, leurs blancs et leurs noirs, en tranchants contrastes, plurent aux temps romantiques. Dans plus d’un salon, noble ou bourgeois, Corinne fut ainsi déifiée.

Les images gravées de Mme de Staël sont bien plus nombreuses encore. La Bibliothèque nationale[5], les bibliothèques de Genève en présentent toute une variété. À côté des œuvres solennelles, d’autres petites gravures firent connaître Mme de Staël sous un aspect plus ou moins fantaisiste. La comtesse de Pange en possède une collection charmante. Quelques-unes sont très fines, dans le style Restauration. Mme de Staël apparaît sur un exemplaire de cette catégorie, en robe violette et turban, assise près d’une table où repose un encrier garni d’une superbe plume d’oie. D’autres gravures provenant de la même collection, d’aspect naïf et amusant, montrent une Mme de Staël

  1. Citons les reproductions de Benoist, Bertonnier, Champagne, Choulin, Delpech, Didier, Dieu, Ducarin, Fauchery, Mlle Formentin, Fry, Jacob, Langlois, Langlumé, Leguay, Lemercier, Manceau, Muller, Pye, Rouhière, Scriven.
  2. Un tirage au château de Coppet. Bertonnier (Pierre-François), graveur au burin, né à Paris en 1791.
  3. Prévost (Zachée), graveur français, né le 21 juin 1797, à Paris, mort le 27 mars 1861. Sa première planche fut Corinne au Cap Misène ; la commande lui en fut fournie par Gérard. Il reproduisit les tableaux de Paul Delaroche et autres contemporains en taille-douce, ceux de Léopold Robert en aqua-tinta.
  4. Aubry Lecomte (Hyacinthe-Louis-Victor), dessinateur et lithographe, né à Nice, de parents français, le 31 octobre 1787, mort à Paris le 2 mai 1858. Il dessina des portraits à l’estompe, reproduisit des tableaux en lithographie.
  5. Parmi les exemplaires du Département des Estampes, à la Bibliothèque nationale, citons encore :

    a) Une gravure de F. Rosmæsler d’après F. Rehberg (1758-1835), datée de 1817. Mme de Staël est représentée en buste, de face, vêtue d’une robe sombre à décolleté carré, serrée par une ceinture sous les seins ; les manches sont petites et froncées ; la tête légèrement inclinée sur la droite est entourée d’un turban d’où sortent quelques mèches.

    b) Une gravure de Frémy (1782-1867) : buste décolleté, tête légèrement inclinée à gauche. Mme de Staël est coiffée d’un voile drapé et rejeté sur le côté gauche ; les cheveux s’en échappent en bouclettes. Une impression de jeunesse et de poésie se dégage de cette esquisse au trait.

    c) Une lithographie représentant Mme de Staël en buste de trois quart, en toilette de ville robe montante dans le dos, ruban à la taille, ruche autour du cou descendant en pointe jusqu’à la taille, manches longues, écharpe autour des épaules, capote retenue par une mentonnière, ornée sur le côté de plumes d’autruches et d’un nœud de ruban, les cheveux frisés sur le front. Elle sourit et tourne les yeux de côté.

    d) Un portrait de Mme de Staël en pied, debout dans un parc, appuyée sur un banc, vêtue en satin blanc, coiffée d’un turban. Signature Desenne invt, Larcher scul.