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STUART MERRILL

1863-1915



Stuart Merrill est né, le 1er août 1863, à Hampstead, dans l’Ile de Long Island, la patrie de Walt Whitman, — près de New-York (Etats-Unis). Il est mort à Versailles, le 1er décembre 1915. Son enfance passée à Paris, il fit ses études au lycée Condorcet, où l’on a vu, dans de précédentes notices, sa camaraderie avec Ephraïm Mikhaël, Pierre Quillard, MM. René Ghil et Rodolphe Darzens, avec lesquels il fonda un petit journal autographié, Le Fou. Retourné après cela en Amérique, Stuart Merrill prépara son droit au Columbia Collège de New-York, de 1885 à 1889, mais sans aucun succès, à cause de ses préoccupations tout autres, c’est-à-dire exclusivement littéraires. Il en donna d’ailleurs une preuve en publiant pendant ce séjour en Amérique son premier ouvrage de poète : Les Gammes, paru à Paris chez Léon Vanier, et bientôt suivi, chez un éditeur de New-York, de Patlels in Prose, un volume de traduction de Théodore de Banville, Aloysius Bertrand, Baudelaire, Judith Gautier, Hennequin, Huysmans, Mallarmé, Paul Margueritte, Catulle Mendès, Ephraïm Mikhaël, Pierre Quillard, Henri de Régnier et Villiers de l’Isle-Adam. Revenu définitivement en France en 1890, Stuart Merrill fut un des plus actifs parmi les écrivains qui travaillaient alors à une renaissance littéraire, collaborant avec des poèmes et avec des études de critique, à toutes les revues de l’époque. En même temps, il faisait paraître en Amérique, dans le Times et l’Evening Post, de nombreux articles sur des écrivains français : Gérard de Nerval, Glatigny, Alphonse Daudet, etc.

Stuart Merrill n’a pas été seulement un très curieux poète, un magicien du verbe, faisant revivre dans ses vers pleins de scintillements de pierreries et d’harmonies savantes les plus gracieuses des légendes. Il a été un citoyen justement préoccupe du mouvement social de son époque, généreux aux déshérités, aux opprimés, dévoué à toute cause juste, payant partout de sa personne comme de sa for-