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Ils l’ont portée en terre, en terre au point du jour.
Ils l’ont couchée toute seule, toute seule en ses atours.
Ils l’ont couchée toute seule, toute seule en son cercueil.
Ils sont rev’nus gaîment, gaîment avec le jour.
Ils ont chanté gaîment, gaîment : « Chacun son tour.
« Cette fille, elle est morte, est morte dans ses amours. »
Ils sont allés aux champs, aux champs comme tous les jours...

(Ballades françaises.)


DES « BALLADES DE LA NUIT »

À Stuart Merrill.

L’ombre, comme un parfum, s’exhale des montagnes, et le silence est tel que l’on croirait mourir. On entendrait, ce soir, le rayon d’une étoile, remonter en tremblant le courant du zéphyr.

Contemple. Sous ton front que tes yeux soient la source qui charme de reflets ses rives dans sa course... Sur la terre étoilée surprends le ciel, écoute le chant bleu des étoiles en la rosée des mousses.

Respire, et rends à l’air, fleur de l’air, ton haleine, et que ton souffle chaud fasse embaumer des fleurs, respire pieusement en regardant le ciel, et que ton souffle humide étoile encore les herbes.

Laisse nager le ciel entier dans tes yeux sombres, et mêle ton silence à l’ombre de la terre : si ta vie ne fait pas une ombre sur son ombre, tes yeux et sa rosée sont les miroirs des sphères.