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PAUL FORT 1872

M. Paul Fort est né à Reims le 1er février 1872. Avant de débuter dans les lettres, il fonde, en janvier 1890, le Théâtre d’Art, essai théâtral qui permit, à une époque où le naturalisme dominait en- core, de présenter au public, en même temps que des œuvres dramatiques dédaignées ou méconnues, des pages d’écrivains nouveaux. Très jeune, seul, et presque sans ressources, M. Paul Fort fit interpéter ainsi Les Cenci de Shelley, La Tragique histoire du docteur Faust de Marlowe, Les Uns et let Autres de Paul Verlaine, L’In- truse, Les Aveugles de M. Maeterlinck, La Voix du sang, Madame la mort de Madame Rachilde, Théodat de M. Remy de Gourmont, Les Flaireurs de Van Lerberghe, des poèmes d’Hugo, Stéphane Mallarmé, Jules Laforgue, Arthur Rimbaud, de MM. Catulle Mendès, Pierre Quillard, et jusqu’à une adaptation du premier chant de l'Iliade. Après celte tentative dramatique, qui fit grand bruit et prit fin en 1803, M. Paul Fort commença à publier de petites pièces détachées dans La Société Nouvelle (1895). Puis vinrent des plaquettes, publiées pour la plupart sans indication d'éditeur, et qui, réunies plus tard en volume, formèrent son premier livre : Les Ballades françaises. Empruntant, sous les aspects de la prose, la plastique et la rythmique du vers, mêlant aux images les plus raffinées le coloris cru des réalités, l’art de ce poète éclate dans de petits tableaux vifs et nets, ou l’habileté du peintre ne le cède en rien au lyrisme ému de l’évocaleur. Son talent, a très bien dit M. Remy de Gourmont, est une manière de sentir autant qu’une manière de dire. "Voici le frère de Jules Laforgue, a écrit d’autre part M. Pierre Louys dans sa préface aux Ballades françaises : — un grand poète, un écrivain dont chaque ligne émeut, à la fois parce qu’elle est belle et parce qu’elle est profondément vraie, sincère et douce de vie... Les Ballades françaises, ajoute-t-il, sont de petits poèmes en vers