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DE SOIR


Et tout au fond du domaine loin.
Où sont celles que l’on aime bien,
La plus aimée me pleure, perdue
De ma mort aux semaines venue ;

La plus aimée de mon cœur s’attriste,
Et plonge ainsi que des fleurs ses mains,
Aux sources de ses yeux de chagrin,
La bien-aimée de mon cœur s’attriste.

Et tout au fond du domaine loin,
La bien-aimée a mis ses patins,
Se sentant dans le cœur de la glace.
Et loin vers moi s’efforce et se lasse ;
La bien-aimée accroche aux vitraux
De la chapelle d’où l’on voit loin,
Avec le pain, le sel et les anneaux,
Ma pauvre âme, elle qui ne meurt point.

Et tout au fond du domaine loin,
La bien-aimée ne pleurera plus
Les beaux jours de fêtes révolus.
Aux bagues de famille à ses mains ;
La bien-aimée m’a vu comme un saint
Promettant un éternel dimanche,
Aux âmes enfantines et blanches,
Et tout au fond d’un domaine loin.


(La Louange de la Vie)


CONSOLATRICE DES AFFLIGÉS


Or, l’hiver m’a donné la main.
J’ai la main d’Hiver dans les mains,

Et dans ma tête, au loin, il brûle
Les vieux étés de canicules ;