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poètes d'aujourd'hui

que sûrement eussent été négligés, tandis que tels autres, au contraire, non point oubliés, mais que nous ont fait omettre de multiples nécessités, tout de suite auraient eu leur place, au lieu d’être remis à, peut-être, un second bouquet. Et ces minces tristesses nous les avons retrouvées quand, avec la même douceur que si nous eussions inventorié les salles à peine connues de petits musées tantôt éclatants et sonores, et tantôt monotones et voilés, nous dûmes décider du choix des poèmes, et qu’à la place, parfois, de telles pièces d’une beauté trop neuve ou trop vive il nous fallut prendre telles autres qui, de tous points, nous semblaient convenir mieux. Mais avant tout nous faisions un livre pour le public, et seule, cette considération devait être notre guide. Avant tout, nous faisions un livre que tout le monde pourrait lire, où chacun sûrement trouverait sa complaisance… Et s’il faut le dire, dans ce sens, nous ne sommes pas loin de croire que nous avons réussi.

Il nous semble qu’on pourra juger de notre impartialité quant au milieu, à la production et au procédé d’art, si l’on veut bien examiner la liste des poètes qui figurent dans cet ouvrage et constater — les morts, et surtout Paul Verlaine et Stéphane Mallarmé, tous deux hors du temps, mis à part — que nous avons accueilli aussi tranquillement M. Fernand Gregh, fêté dans les salons, que M. Raymond de La Tailhède, de qui le nom n’a