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peignent en effet, d’après nature, les types des fortifs, des bastringues d’assassins et des bouges.

« Jean Lorrain, dit M. Ernest Charles dans la Revue Bleue, cultive « l’orchidée du cadavre rare » ; et il met beaucoup de femmes autour. Il écrit des romans-feuilletons de mauvais lieux. Il est notre Ponson du Sérail… »


Pierre Loti (Julien Viaud, dit), né à Rochefort en 1850, fils d’un ministre protestant, célèbre romancier descriptif, membre de l’Académie française.

Pierre Loti est d’abord un puissant charmeur. Il séduit ses lecteurs et ses lectrices par la rêverie vague et flottante de sa pensée, par la mélancolie sensuelle dont il les pénètre, par les voluptueuses et enlaçantes caresses de sa phrase, savamment rythmée. Ces petits récits dont il tire de profondes émotions, ces descriptions féeriques de l’Océan infini, de l’Orient mystérieux, de tous les pays exotiques, charment jusqu’à enivrer.

« Je viens de relire les six volumes de Pierre Loti, dit Jules Lemaître, et je me sens parfaitement ivre. » La plupart de ses œuvres ont, en effet, comme premier trait caractéristique, d'amollir et d'alanguir par l’érotisme du style et des peintures.

Aussi, la lecture de ses livres contribue-t-elle à déprimer les âmes, non seulement en leur procurant des émotions artificielles très vives, mais encore en laissant cette impression que toutes les beautés et toutes les énergies sont dans les choses, que la nature agit en nous et sur nous, et que nous ne pouvons rien contre elle.

Les idées de Loti sont encore plus perfides et plus malfaisantes que ses descriptions et ses procédés. À 28 ans, il adressait à son ami, William Brown, une profession de foi que toutes ses admiratrices doivent connaître ; « Croyez-moi, mon pauvre ami, écrivait-il, le temps et la débauche sont deux grands remèdes…