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ROMANS À PROSCRIRE

Jérôme Coignard sont, à ce titre, des livres cyniques.

Il y a quelques années, Anatole France entreprit d’écrire une « Histoire contemporaine », et créa alors le type de M. Bergeret, qui, d’abord pédant ridicule, devint sceptique autant que France lui-même. Cette série compte plusieurs volumes : L’Orme du Mail, satire du clergé que La Revue bleue (6 février 1897) trouve très choquante ; Le mannequin d’osier ; Vanneau d’améthyste ; M. Bergeret à Paris…

Elle fut interrompue par la part que prit M. France à « l’Affaire », et depuis à toutes nos luttes politiques et religieuses. Le « fin lettré » se fit alors anarchiste et apôtre du jacobinisme, accusa dans ses manifestes la religion catholique d’être immorale et les congrégations de corrompre la jeunesse (Opinions sociales, 2 volumes). Il alla plus loin encore, il parla à la « fête inaugurale pour l’Émancipation », à la fête en l’honneur de Diderot (1902), devant la statue de Renan à Tréguier (1903), écrivit pour les discours de M. Combes une préface lyrique, exalta le souvenir de Jaurès en août 1914, et se jeta avec ardeur dans la lutte antimilitariste et anticléricale.

Pendant la guerre, il parut revenir aux idées patriotiques (Sur la voie glorieuse, recueil d’articles) ; et puis, en août 1919, au congrès du Syndicat des Instituteurs, à Tours, il prêcha la paix et le désarmement dans des termes qui firent scandale. Une fois de plus, France a profané son pseudonyme.

Le roman dialogué intitulé Sur la pierre blanche[1], est du France première manière : quelques amis assis sur la pierre blanche, à Rome, au milieu du peuple des songes, s’entretiennent de Saint-Paul (qui ne savait pas ce qu’il disait), des origines du christianisme (la religion catholique est une impiété et la plus grande de toutes,

  1. Un de ces livres dont on peut dire qu’ils sont ex professo contra fidem, comme on peut le dire, je crois, de tout ce qu’il écrit aujourd’hui et à peu près de tout ce qu’il a jamais écrit. (L’Ami du clergé, 1906, page 490).