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ROMANS À PROSCRIRE

« J’ai beau faire, dit Jules Lemaître, rien ne me semble moins chrétien que le catholicisme de M. d’Aurevilly… Son œuvre entière respire les sentiments les plus opposés à ceux que doit avoir un enfant de Dieu, entre autres l’admiration la plus éperdue pour les forts et les superbes, fussent-ils des ennemis de Dieu, de grands mondains, des viveurs et des Don Juan » (Les Contemporains, 4e série).

En réalité, il appartient à l’Église par la sincérité de sa foi, et par l’intrépidité avec laquelle il a combattu les auteurs impies et malsains de son époque. Ce qui lui manque surtout, c’est la virginité du talent et l’intégrité de doctrine.

Ce catholicisme bâtard est mêlé d’hystérie, de sadisme et surtout de diablerie. D’après le critique déjà cité, le satanisme de d’Aurevilly consiste a voir le diable partout, à nous raconter avec complaisance des actes d’impiété ou des cas surprenants de perversité morale (Le bonheur dans le crime ; Ce qui ne meurt pas ; Une histoire sans nom ; Le rideau cramoisi ; À un dîner d’athées, etc.) ; ou encore à nous montrer l’action directe du diable dans des faits inexplicables (L’ensorcelée ; Une vieille maîtresse ; Les diaboliques, etc.).

Les deux chefs-d’œuvre de ce « maître-écrivain » sont Le Chevalier des Touches et Le Prêtre marié ; le premier ne contient qu’une nudité au dénouement ; le second est beaucoup moins inquiétant que son titre.


Henri Barbusse n’était connu avant la guerre que par un livre abominable, infernal. Le Feu, journal d’une escouade, l’a rendu tout d’un coup célèbre : il est aujourd’hui lauréat de l’Académie Goncourt, président d’une association républicaine des anciens combattants, fondateur au groupe « Clarté », placé sous le patronage d’Anatole France, et l’un des chefs du Bolchevisme en France.