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ROMANS À PROSCRIRE

aux critiques, aux professionnels de la littérature, la lecture de certains livres en soi très mauvais, que d’interdire à un médecin la lecture des livres de médecine : ces lectures sont pour eux un devoir d’état dont l’accomplissement n’est pas toujours sans danger, mais auquel il serait téméraire et injuste de les soustraire « a priori ».

Un roman voluptueux de Prévost, de Loti et « tutti quanti », produit ordinairement une impression très fâcheuse et occasionne des troubles très graves chez les personnes jeunes ou âgées, qui, par disposition de tempérament, privilège d’éducation, sensibilité d’âme, délicatesse de conscience ou grâce de Dieu, ont été préservées de tout contact avec les parfums du vice. Supposez, au contraire, un vieux liseur, une liseuse d’âge respectable, habitués aux relâchements mondains, aux lectures perverses, blasés de tout, et chez qui la répétition des actes, l’intensité des sensations, l’endurcissement du sens moral, ont émoussé toute délicatesse. Assurément, ces âmes sont coupables de s’être ainsi atrophiées et mutilées ; mais pourrait-on affirmer que la lecture d’une nouveauté de Loti ou de Prévost produira en elles le même effet que sur des jeunes gens ou de jeunes dames qui n’ont jamais pris contact avec le poison ; et, conséquemment, pourrait-on « a priori » leur interdire ce déplorable passe-temps avec autant de rigueur qu’à d’autres catégories de lecteurs ?

Tout en appréciant avec sévérité le cas de ceux qui lisent des livres plus ou moins obscènes, il faut donc se rappeler qu’il y a dans ces livres, dans les dangers auxquels ils exposent, dans les motifs légitimement invoqués pour les lire, des nuances infiniment variées.

Ces motifs et ces dangers, c’est à chaque conscience qu’il appartient de les examiner. Pour nous, nous devons nous contenter, avant de citer les romans sus-