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aux auteurs qui tendaient, intentionnellement ou non, à ébranler les fondements de la saine philosophie et de la vraie foi.

Il y a, en outre, toute une catégorie très nombreuse d’ouvrages qui, tout en peignant le mal, ont pour but de le rendre odieux. En soi, cette exhibition du mal est bonne, et dans certaines conditions qu’il n’est pas impossible de supposer et de réunir, elle peut être bienfaisante. Il importe cependant de faire observer que cette exhibition, bonne en soi, constitue pour beaucoup de lecteurs une tentation, une séduction, un mal : la théorie spécieuse de « l’ilote ivre », surtout quand il s’agit de la plus délicate des vertus, est souvent tout à fait vaine et pernicieuse. C’est pourquoi, s’il est équitable de rendre hommage aux intentions de ceux qui y recourent, il est prudent et sage de n’en faire l’application que sous bénéfice d’inventaire…

Est-ce à dire ensuite que tous ces romans soient à proscrire absolument et universellement ? Non encore et cent fois non. Les livres les plus mauvais si on les considère en eux-mêmes, peuvent être, si on les considère relativement à tel lecteur, de la plus complète innocuité.

Les œuvres d’Anatole France, par exemple, si imprégnées de scepticisme subtil, peuvent être inoffensives pour un catholique très instruit ou un théologien sérieux qui n’y apprendront rien, sinon des objections qu’ils réfuteront « illico », sans subir aucun dommage du fait de ce détestable contact.

Les romans pornographiques, foncièrement voluptueux ou obscènes, comme ceux de Gabriel d’Annunzio, de Belot, de Théophile Gautier, etc., etc., sont évidemment dangereux, en règle générale. Il y a cependant, bien des personnes qui peuvent les lire sans contracter de souillure morale.

Il serait aussi ridicule d’interdire aux professeurs,