Page:Bethléem - Romans à lire et romans à proscrire, 7e éd.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dogmes qu’elle n’a jamais prêchés, des crimes qu’elle n’a jamais commis, des ambitions et des scélératesses dont elle ne s’est jamais rendue coupable ! Combien de romans sceptiques et rationalistes surtout, qui remettent en question et considèrent comme des problèmes, les décisions de l’Église les plus indiscutables et même les enseignements les plus autorisés de l’Évangile !

À vrai dire, il semble que le blasphème impudent ou plutôt le scepticisme absolu et les erreurs religieuses soient plus répandus dans la littérature contemporaine que le vice et l’immoralité.

Et c’est ce qui la rend particulièrement pernicieuse. Sans doute, les ruines du cœur et les affaissements de la volonté, produits par la lecture de livres obscènes sont des choses lamentables ; mais les ruines de l’esprit sent plus lamentables encore, parce qu’elles sont plus précipitées, plus profondes, plus universelles et plus irréparables.

Les romans exclusivement immoraux attaquent la vertu et tendent à pervertir les mœurs ; mais ils ne pervertissent pas nécessairement les idées, ils laissent au lecteur enfin dégoûté et lassé, la possibilité de revenir au bien et de réparer les défaillances passagères auxquelles il s’est abandonné.

Les romans qui distillent plus ou moins abondamment l’erreur, tarissent la vie morale dans sa source. et ils agissent avec une pénétration, une facilité et une efficacité qui ne laissent presque plus d’espoir de restauration. Nous sommes ainsi faits, dit Mgr Gibier à qui nous empruntons plusieurs de ces sages réflexions, que la négation nous ébranle et que l’objection nous impressionne. Notre esprit est d’une sensibilité, d’une délicatesse extrême, et quand le doute l’a blessé, la plaie est lente à se refermer, quelquefois inguérissable.