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que Joinville, ses amusements sont loin d’assurer, contrairement au proverbe, la tranquillité des parents.

L’orgue de Barbarie, du reste, finit par lasser les enfants eux-mêmes, après avoir lassé les mères ; et il n’est point rare de voir les mioches de 8, 10 ou 12 ans, assis tranquillement la tête dans les mains, pendant que gisent lamentablement sur le sol des jouets en débris et des poupées mutilées.

Ils font trêve au tapage, ils se recueillent et peut-être demandent-ils à lire.

Depuis longtemps, ils savent, selon l’expression d’Ernest Legouvé, lire au plus beau de tous les livres, au front de Celui d’où émanent toute lumière, toute justice et toute bonté ; en d’autres termes, ils savent prier.

Ils savent lire aussi dans les yeux et dans le cœur de leur mère ; et ce n’est point là, quand ils sont restés purs, la moins douce de leurs récréations…

Ils veulent cependant et ils réclament — bien légitimement d’ailleurs — d’autres lectures.

À cet égard, comme à beaucoup d’autres, les enfants ont été traités en rois. Des « Évangiles », des « Histoires saintes », des « Vie des saints » ont été édités pour eux avec de magnifiques illustrations ; des albums en couleur, soit neutres, soit religieux, sont venus s’ajouter aux vieilles images d’Épinal ; des revues même (par exemple « L’étoile noëliste, L’Écho du Noël, La semaine de Suzette, L’ami des enfants, Ma Récréation ») ont été créées à leur intention ; des romans où parlent et agissent des polichinelles, des petits oiseaux et des bébés ont été publiés, qui gravent dans ces esprits impressionnables des sentiments salutaires.