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Tous leurs ouvrages ne sont pas des chefs-d’œuvre ; mais ils sont encore bien moins, pris dans leur totalité, de cotonneux enfantillages. La psychologie y est mutilée, dit-on, parce qu’elle supprime tout un côté de la vie qui est aux yeux des sages du monde, la vie tout entière… Est-elle pourtant de ce fait, plus fausse et plus imparfaite que celle des romanciers mondains ? L’analyse y fait défaut, ajoute-t-on ; mais l’analyse chez les… autres, offre-t-elle tant d’intérêt, en dehors des cœurs et sentiments malsains qui en font l’objet ? Du reste, l’analyse n’est pas l’essentiel dans les romans ; ce qui doit y prévaloir, c’est l’émotion. Or nos bibliothèques catholiques, sagement organisées, abondent en œuvres d’émotion.

Ces quelques réflexions nous autorisent à conclure que nos écrivains valent mieux que leur réputation. Et pourtant, ils continueront d’être délaissés. Pourquoi ?[1].

Lorsque l’illustre Père Hermann se présenta pour la première fois en habit religieux devant George Sand, celle-ci, en guise de salut, se contenta de lui dire avec un petit air pincé : « Tiens, tu t’es fait capucin ! »

Cette anecdote est tout un poème : elle traduit, non seulement le dédain que professait la « bonne dame de Nohant », mais aussi elle dit le cas que l’on fait dans les salons mondains et dans les laboratoires de critique, de tout ce qui revêt tant soit peu un air « capucin ».

Nos romans pour la jeunesse en sont tous là : aux regards du monde qui distribue la gloire et les succès plus ou moins « hydropiques », selon le mot de Shakespeare, aux yeux des critiques payés à tant la ligne, ces ouvrages ne comptent pas.

  1. Lire sur cette question, les intéressantes considérations de M. d’Azambuja, dans son petit livre : Pourquoi le roman immoral est-il à la mode ?