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une orpheline du côté des dames, des échanges de soupirs et quelques clichés de même acabit, peuvent à la rigueur suffire et réussir.

Mais s’il s’agit de faire un roman catholique, un roman de vie catholique, les difficultés sont extrêmes. Sacrifier résolument le respect humain, éviter le ton prêcheur et les multiples défauts propres aux pieuses rapsodies qui encombrent les catalogues de livres de prix et les bibliothèques paroissiales, pénétrer dans le vif de la psychologie religieuse, comprendre, décrire les rêves, les aspirations et les œuvres des âmes d’élite qui peuplent nos paroisses de foi, les faire vivre dans des romans comme Feuillet, Bourget et autres ont fait vivre dans les leurs, les mondaines, les pédantes, et les maladives : tels sont, en résumé, les sujets sublimes ou plutôt les obstacles insurmontables auxquels sont venus se heurter la plupart des écrivains dont nous nous occupons.


Ils ont beaucoup produit cependant : et à les juger dans l’ensemble, « pluribus non offendar maculis » nous sommes en droit d’affirmer que, s’ils n’ont pas donné le roman catholique idéal, ils ont produit des œuvres vraies, saines et édifiantes.

Ils ne sont pas tous des maîtres de style, des mandarins de haute couleur, de grands seigneurs dans la république des lettres ; mais ce serait aveuglement et injustice de les représenter tous comme de sombres pédagogues sans autorité, portant de caducs étuis à sermons, et distribuant l’ennui sous forme de romans incolores. Il y en a malheureusement qui sont tels — il y en a trop — mais il en est d’autres. Il y en a qui, supérieurement doués, ont préféré la défaite avec Caton, à la victoire avec les Dieux du jour : il ne leur manque rien ou presque rien pour être parfaits ; il ne leur manque, pour être célèbres, que l’investiture des maîtres de la réclame.