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jours plus que jamais — accueillie avec indifférence ou scepticisme. Ces ouvrages dont nous parlons sont en effet tenus en fort médiocre estime par les personnes du monde et même par les gens « bien pensants ». Les uns les dédaignent, parce qu’ils sont enfantins ou sermonneurs ; les autres les redoutent, à titre de fictions dangereuses ou « migrainifères » ; d’autres enfin les abandonnent par préjugé et parti pris, sans autre forme de procès.

Il y a, au fond de ces appréciations diverses, des préoccupations très respectables, mais aussi des points de vue qu’il serait dommageable de généraliser.

Lorsque, dans le courant du siècle dernier, le roman cessa d’être « une liqueur fine distillée à l’usage des palais raffinés », pour devenir populaire (telles les premières éditions Charpentier à 3 fr. 50) et pour porter à tous des idées et des thèses, il se produisit parmi les catholiques lettrés une émotion profonde.

Des pléiades d’écrivains, qui paraissaient désignés pour des études plus didactiques, s’engagèrent dans la voie où « romançaient » des génies — j’allais dire de mauvais génies, — et s’efforcèrent d’opposer à la diabolique éloquence du mal, la noble influence de fictions moralisatrices, de dresser, à côté et au-dessus des travaux de l’impiété ou de l’immoralité, les superbes monuments de la religion catholique.

L’entreprise était tellement malaisée que les meilleurs critiques la jugent actuellement encore impossible à réaliser.

Si, en effet, il s’agit seulement de construire un roman religieusement neutre ou simplement inoffensif, les classiques couchers de soleil, les effets de brume, les contrastes entre le crime et l’innocence, la misère et l’opulence, l’inventaire d’un mobilier de salon ou de garni, deux ou trois brigands du côté des messieurs,