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Et pourtant, chacun le sait et nous l’avons dit en parlant de l’éducation de la pureté, ce serait folie de mettre cette jeune âme, sans transition et sans contrôle, en présence de tout ce qu’elle ignorait hier, et qu’elle devine aujourd’hui. Il y a ici de sages mesures à prendre : nous le répétons, ce n’est pas à des livres quelconques qu’il faut laisser le soin d’une si délicate éducation.

C’est pourquoi nous établissons cette nomenclature, où les jeunes gens trouveront de quoi apprendre et se récréer, sans aucun danger : de la littérature, des voyages, de l’histoire, de captivantes intrigues.

Cependant, les livres de cette catégorie ne sont pas tellement propres aux « jeunes » que les personnes plus âgées, et surtout les aînés de la famille, ne puissent les lire avec intérêt et profit. « Adolescentiam alunt, senectutem delectant », comme s’exprime Cicéron.

Il y a un certain enfantillage d’imagination qu’il faut garder toute sa vie, a écrit Doudan[1]. Heureux ceux qui ont su le garder, et qui, aux jours d’épreuve et de lassitude d’âme, savent y faire appel. Ils trouveront, dans ces livres tranquilles et bien écrits, dont plusieurs sont de bonnes actions, non seulement un aimable badinage et une récréation à subir, mais un refuge, un réconfort et parfois une lumière. Lire un petit livre dans un petit coin, c’était le rêve de je ne sais quelle belle âme ; tous ceux que nous citons ne sont pas de petits livres, mais ils sont à lire par tous ceux qui ont conservé une belle âme et désirent l’embellir encore.

Nous n’étonnerons personne, en disant que cette recommandation si souvent renouvelée est — de nos

  1. Littérateur douaisien (1800-1872), a laissé une nombreuse correspondance, que ses amis ont publiée après sa mort.