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rendre odieux et les guérir. Malheureusement, les bonnes intentions ne suffisent pas. Les descriptions et !es drames qui constituent la trame de ces romans, indépendamment des pages voluptueuses qui s’y glissent, grisent l’imagination et anémient la volonté ; l’exposé de tous les motifs qui préparent et déterminent une passion coupable, fait facilement croire a ceux qui les lisent et les méditent, que les chutes sont toutes naturelles, presque nécessaires, excusables et fatalement imitables. Aussi, un écrivain peu suspect, M. Rod, a-t-il osé dire, jadis, que les romans de Bourget ne sont guère plus moraux que ceux de Zola !

Ce jugement et les considérations précédentes, ne sauraient cependant s’appliquer dans toute leur rigueur qu’aux romans de la première période : L’irréparable ; Le deuxième amour ; Cruelle énigme ; Un crime d’amour ; André Cornélis ; Scrupule ; Un cœur de femme ; Idylle tragique, mœurs cosmopolites : Physiologie de l’amour moderne ; La duchesse bleue ; etc..

En 1887, Le disciple (manuel de séduction, scènes regrettables) marqua dans les œuvres du charmant auteur une heureuse évolution, et témoigna d’un souci douloureux de la vie morale. Le fantôme, Monique, La terre promise (roman à thèse chrétienne, tend à éloigner les jeunes gens des plaisirs coupables, tableaux choquants) ; Cosmopolis (amours, jalousies, duels, conversion d’une jeune dilettante provoquée par la seule vue de Léon XIII, très passionné) ; Sensations d’Italie (belles pages chrétiennes) marquèrent successivement ses progrès dans le respect de la morale et peuvent être lus par les grandes personnes, ainsi que ses derniers ouvrages : L’Étape (roman à thèse antidémocratique et profondément religieuse, violemment critiqué de toutes parts, cru et passionné) ; Le divorce (œuvre courageuse et magistrale qui restera l’un des plus beaux monuments de l’apologétique contemporaine) ; L’eau