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AVANT-PROPOS

l’ont employé dans leurs manifestes avec peu ou point de variantes.

Oui, la littérature est indépendante de la morale, en ce sens qu’elle a son objet et son domaine à elle. Mais en tant qu’elle est l’œuvre d’un homme, et qu’elle s’adresse à des hommes, elle relève des lois qui régissent l’homme même, et elle a la stricte obligation de s’y soumettre. Si illustre et si puissante qu’elle soit, elle n’a pas le droit de se mettre à la traverse sur le chemin que l’homme doit parcourir pour atteindre sa fin. Qu’elle s’abstienne de prier, de chanter les louanges du Seigneur et d’enseigner les devoirs imposés aux créatures, soit. Mais si elle n’a pas pour mission essentielle de psalmodier ou de catéchiser, il lui est rigoureusement interdit de blesser, d’aveugler, et surtout de souiller et d’égarer. Quand elle profère des blasphèmes ou étale des lubricités, eût-elle pour apôtres et pour thuriféraires, des génies incomparables, elle devient un obstacle à la fin supérieure de l’homme. La morale a le droit de le dire, et appuyée sur l’histoire, elle a toute facilité de le prouver. En son nom, les moralistes ont le devoir de la proscrire. Il y a donc des romans à proscrire.


II


« Soit, dira quelqu’un, mais encore faut-il apporter dans cette œuvre de sélection un certain