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c’est-à-dire, en dernière analyse, de l’instinct, de l’impulsion naturelle, de la sensation, jusqu’à rêver d’un état où « ni une cité, ni un Dieu ne nous imposent leurs lois ». Les paysages même sont des états d’âme : la Lorraine, dans L’homme libre, Aigues-Mortes dans Le jardin de Bérénice, l’Espagne, « le pays le plus effréné du monde » dans Du sang, de la volupté et de la mort, servent successivement de moyen pour aiguiser les sensations, créer des empreintes et déterminer des drames…

Sous l’œil des Barbares, le vade-mecum de ses admirateurs, et L’ennemi des lois trahissent le même égotisme antisocial.

Les romans de l’énergie nationale (Les déracinés ; L’appel au soldat ; Leurs figures) marquent cependant une évolution, que Les Bastions de l’Est, Au service de l’Allemagne, Les amitiés françaises, Le voyage de Sparte, etc., ont accentuée et qui font espérer que Barrès, se souvenant de sa mère, finira par s’agenouiller.

Cet auteur obscur, compliqué et profond, compte de nombreux amis et aussi de nombreuses victimes : tel jeune homme qui l’a lu, l’a appelé son « assassin adoré ». Hélas ! et holà ! même pour certaines grandes personnes.

— Il y a dans cette courte notice — qui a paru dans nos éditions précédentes — des expressions qui, pour être comprises de tous et échapper à de fausses interprétations, devraient être expliquées ou au moins paraphrasées. C’est l’inconvénient ordinaire de la concision : brevis esse volo, obscurus fio. Nous maintenons cependant notre texte, en raison de la célébrité qu’il a valu à notre ouvrage, depuis qu’on en a lu des extraits à la Chambre des Députés (Séance du 17 janvier 1910).

Nous mentionnons seulement les ouvrages que M. Barrès a publiés depuis cette époque : Colette Baudo-